Très souvent, trop souvent, les idées reçues provoquent des erreurs énormes. Et celles de la musculation pour les enfants ne font pas exception. Arrêt de la croissance, déformation du squelette… autant de bêtises que l’on entend même chez des professionnels du sport et de la santé.
La croissance
Non, la musculation (et tous les sports) ne provoquent pas un arrêt de la croissance. La seule chose qui pourrait provoquer cela (et de manière temporaire) est un volume d’entraînement très important lié avec une intensité très forte. On ne retrouve cela que dans les centres d’entraînements extrêmes (en Gymnastique par exemple) où le volume dépasse largement les 20 heures d’entraînement par semaine et l’intensité maximale.
Le squelette
L’idée est que des muscles trop forts vont empêcher le squelette de grandir, les déformant (comme les arbres qui poussent là où il n’y a pas assez de place). La justification est double : il y a de nombreuses décennies, les personnes de petites tailles étaient montrées soit comme des monstres, soit dans des numéros de force. On a donc fait le raccourci : force = petit. Maintenant on sait que le nanisme n’est pas lié à l’activité physique, mais à un problème hormonal durant la croissance.
La seconde justification est là encore les gymnastes féminines qui sont souvent assez petites (et forcément très musclées). Mais au lieu de dire musclé = petit, le bon argument est que dans la sélection des meilleures gymnastes, celles qui ont le plus de potentiel sont celles qui sont naturellement plus petites (ce n’est pas pour rien d’ailleurs que l’âge de compétition des gymnastes féminines est très bas).
À l’inverse de ces âneries, les études (voir l’ensemble des études sur le sujet sur le NSCA par exemple) montre qu’une activité sportive augmente la densité du squelette et donc favorise son développement. Et les activités physique avec des compressions (dont la musculation) nettement plus que celles où l’on est porté (vélo, natation…).
Pourquoi ces idées fausses restent ?
En enlevant le manque général de culture sportive (on préfère lire les articles de journaux qui confirme l’idée générale plutôt que la vérité), la plupart des gens imaginent des enfants avec des charges de plus de 200 kg sur le dos.
Mais avant de faire cette performance, il y a tout un apprentissage technique, un renforcement musculo-tendineux, une progression de la force. Les haltérophiles qui débutent jeunes ne sont pas plus handicapés que les autres (voir moins d’ailleurs). Ils portent des charges en fonction de leurs possibilités. Il est assez difficile d’imaginer que l’on puisse croire que l’on va mettre une charge supérieure aux possibilités d’un enfant alors que même un adulte surentraîné ne le peut pas !
Les bienfaits de la musculation
Durant le développement (enfance et adolescence puis dans une moindre mesure à l’âge adulte), l’apprentissage technique de gestes complexes est un gage de bon développement du système nerveux (et du cerveau). Et comme le cerveau est loin d’être mature chez les enfants, plus ils apprennent de gestes complexes, plus ils s’assurent d’une base solide.
Or, la musculation est un sport où chaque mouvement est codifié, encadré. Ainsi, il est facile de corriger ce mouvement, de le découper pour l’apprendre partie par partie et ainsi augmenter progressivement la complexité avec souvent moins de risque que dans les autres sports plus « libres ».
De plus, le principe de charge de la musculation est la pesanteur. Ce principe permet d’avoir des forces de compressions et de torsions du squelette que l’on maîtrise (on les connaît). Cela permet ainsi un renforcement uniforme du squelette, offrant aux enfants, là encore, une base solide pour l’âge adulte.
Mais tout n’est pas rose
Et oui, la musculation c’est bien, mais comme pour tous les sports, il y a des conditions surtout pour les enfants.
La première condition est l’encadrement. Pratiquer la musculation sans un encadrement qui ne maîtrise pas les gestes techniques et les méthodes d’apprentissage de ces gestes est réellement un danger.
De plus, l’utilisation des machines, bien que rassurante et surtout moins contraignante pour les coaches, est synonyme de baisse de complexité du geste et donc de moins d’apprentissage (vous perdez l’intérêt de la musculation quant au développement cérébral de votre enfant).
Ainsi, n’interdisez pas la pratique de la musculation à votre enfant, vous ne lui rendrez pas service. Mais assurez-vous d’un encadrement de qualité (encadrement personnalisé ou en mini-groupe, pas trop d’utilisation de machines) et vous rendrez un immense service à votre progéniture.